Tout au long de cette découverte des Côtes d'Armor, vous vous êtes émerveillé devant la diversité d'un pays qui, malgré une longue histoire à travers le temps, n'a pratiquement laissé comme souvenir que la beauté de sa nature. Si les pierres façonnées et les monuments dressés par l'homme rappelent qu'elle fut occupée depuis des temps immémoriaux, elle est malgré tout restée presque intacte, belle et sauvage. La dernière étape de cette randonnée est ici pour le démontrer : l'île Milliau est à la fois le commencement et la fin d'un monde.
Le commencement parce qu'elle rappelle que nos lointains ancêtres y ont vécu, la fin parce que leur disparition a marqué l'épilogue d'une époque où la nature dominait l'homme et non le contraire.
Cet endroit d'une beauté fascinante par le souvenir qu'il laissera de votre visite dans notre pays, une allée couverte semblant être un dernier cri lancé vers le ciel et la mer, mérite à l'évidence que vous vous y arrêtiez. Pour cela, il faudra vous armer de patience et attendre que les éléments vous autorisent à en fouler le sol : elle n'est accessible, à pied, que quelques minutes à quelques heures par jour. Certains jours, elle ne l'est pas, se repliant dans son intimité, protégée par la mer qui en est l'écrin.
C'est en longeant le quai du port de Trebeurden, vous dirigeant vers la presqu'île qui porte le nom de "Castel" que vous pourrez l'atteindre. Il vous faudra escalader des éboulis de rochers comme il en existe tout au long de la côte de Granit Rose : ronds tels des galets et se transformant parfois en têtes grimaçantes ...
Le rose a toutefois laissé la place au gris : nous sommes au bout du voyage.
Derrière le Castel, une étroite langue de sable et de cailloux vous permettra d'atteindre un chemin montant vers Milliau.
Au sommet, après quelques centaines de mètres d'une ascension ombragée, c'est la lande de fougères, de genêts et de ronces qui ouvrira un horizon à perte de vue. Tout au bout, en face de vous, sur le point culminant, une maison en ruines finit de s'écrouler : seule fausse note de ce paradis des oiseaux et des lapins, cette maison où vécut Aristide Briand de 1919 à 1933 sera bientôt rasée. Plus près de vous, l'allée couverte d'une des premières communautes de l'île trône depuis près de 6000 ans.
Plus près de nous, les cousins gallois ont également laissé une trace de leur passage : une cellule monastique où a séjourné Milliau, l'évangélisateur qui a donné son nom à l'île et fondé une paroisse à quelques lieues d'ici : Ploumilliau.
Gravissez la colline qui monte vers la vieile maison. De son sommet, vous aurez des vues superbes sur 360 degrés : tous les souvenirs de vos randonnées en Armorique vous reviendront à l'esprit. Vous y verrez les villages descendant vers la mer, les plages de sable blond, les côtes rocheuses et les îles se détachant sur le bleu de l'horizon. Vous vous assoirez alors sur un rocher pour ne pas avoir le vertige devant toutes ces images qui sembleront se bousculer dans votre esprit. Et vous vous mettrez à rêver ... de revenir, certainement !
Hé, Oh ! Réveillez-vous : la mer monte ! Bientôt vous ne pourrez plus quitter l'île : la plage sera submergée !