Saint-Quay Portrieux

En venant d'Etables-sur-Mer par le sentier des douaniers ou par la route de la corniche, la vision du port de Saint-Quay est surprenante. Le gigantisme de l'ouvrage a de quoi surprendre et cette demesure fut longtemps le sujet d'âpres discussions. La volonté d'ouvrir la ville au tourisme afin de donner une nouvelle impulsion à une cité orpheline des ressources économiques de la Grande Pêche est à l'origine du port actuel. Les passions se sont dissipées, petit-à-petit, et Saint-Quay est devenu ce qu'espéraient ses promoteurs : une station résolument tournée vers les plaisirs de la mer. Les bassins et mouillages ne désemplissent pas dès la belle saison revenue ...

Saint-Quay

Kertugal la légendaire, ancienne communauté d'une population occupant les terres allant de Portrieux à Plouha, fut abordée au 5ème siècle par Ké (ou Kénan), un moine gallois originaire de Cambrie, fuyant les hordes saxonnes. Accostant à bord d'une auge de pierre, il parut, aux yeux des lavandières du lieu, tel un esprit maléfique qu'elles devaient chasser. Battu, exsangue, le saint homme fut sauvé par une source jaillissant sous ses flancs, soulageant ainsi ses blessures. La Vierge qu'il avait appelée à son secours le conduisit à l'abri d'une ronce gigantesque où ses tortionnaires vinrent le lendemain implorer son pardon. Une chapelle Notre-Dame-de-la-Ronce fut construite à cet endroit ... et détruite en 1875.

C'est ainsi que naquit Saint-Quay.

L'embarcation de Saint-Ké disparut un jour, à son tour, après avoir été longtemps conservée comme relique ...

Bien avant cela, Kertugal (demeure, maison, cité des Gaulois, en Breton : Ker Tud Gal) était un territoire qui s'était développé sous l'instigation d'un petit peuple de paysans et marins, autour d'un atelier de façonnage de pierres essentiellement spécialisé dans la fabrication de haches.

Le Portrieux, à l'origine du développement de Saint-Quay, est un des nombreux port de la côte ayant participé à l'épopée de la "Grande Pêche". Il précéda même Saint-Malo dans cette activité qui en fit la renommée. En 1612, déjà, ses pêcheurs partaient à l'assaut de Terre-Neuve ! A cette époque, les embarcations étaient moins sûres et de faible tonnage mais dès le 19ème siècle, elles jaugeaient de 150 à 300 tonneaux, embarquant jusqu'à 50 hommes d'équipage. Les installations portuaires se développèrent : en 1726 les habitants se cotisèrent et ajoutant à leur intervention les subventions des Etats de Bretagne ils permirent l'édification de la jetée. Elle fut déplacée puis agrandie et améliorée par la suite mais subit au cours des années, en 1824 et 1826, de violentes tempêtes qui la détruisirent presqu'entièrement. Les anciens métiers aujourd'hui disparus ont laissé la place au développement d'une petite ville essentiellement tournée vers le tourisme. Le port reçoit désormais les plaisanciers et vit chaque été au rythme des nombreux bateaux qui s'y croisent. Les installations portuaires modernes, un port en eau profonde et un bassin d'échouage devant la plage, parfaitement protégés des tempêtes par une ceinture presque complète de digues, en font un des havres les plus sûrs de la côte Nord de la Bretagne.
Il n'en reste pas moins toujours une intense activité maritime tournée désormais vers la pêche côtière et notamment la coquille Saint-Jacques. Une flotille de près de 80 bateaux assure la pérennité d'une longue tradition d'hommes de la mer.

plage et île de la Comtesse

 

La cité connut de la fin du 18ème jusqu'au milieu du 19ème siècle les éclats d'une guerre larvée opposant une Comtesse (la comtesse des Thuilais) irascible et vindicative aux maires successifs.

Considérée comme une forteresse imprenable par ses pairs, elle règnait en maîtresse femme sur l'île qui porte son nom, allant même jusqu'à s'y octroyer le droit de justice !

Ci-dessus, l'île de la Comtesse accessible à marée basse. De l'ancienne habitation de l'irascible dame, il ne reste quelques murs branlants, envahis par les brousailles

C'est vers cette époque, en 1845, que le premier hôtel fut bâti dans la cité, suivant en cela un engouement initié dès 1841 par deux touristes gingampaises en mal de cure de bains de mer ...

Le sentier des douaniers venant d'Etables-sur-Mer permet de découvrir une succession de plages enserrées au fond de petites criques, faisant face aux Roches dites de Saint-Quay,  longeant une rade où, un peu plus au large, les courants laissent libre cours à la fantaisie des régatiers.

plage du casino

 

 

La plage du casino et le bassin d'eau de mer qui fait la joie de ceux qui n'ont pas le courage de descendre jusqu'à l'eau lorsque la marée est basse ... et que la température y est plus fraîche !

Ceinturée par une promenade en terrasse, elle est baignée par un soleil digne du Midi.

 

 

Au gré de vos pas, vous découvrirez sans doute la chapelle du Portrieux reconstruite en 1770 mais dont l'origine remonte au début du 15ème siècle, celle de Kertugal, rotonde de près de 13 mètres érigée en 1828 ou la ferme de Ville-Mario. Ce bâtiment était autrefois fortifié, comportant douves et pont-levis, connu sous le nom de château du Ruello. Construit au 14ème siècle par les seigneurs de Grandbois, Roche Jagu et Ville Mario, il ne subsiste du château que quelques pans de murs. Il fut le théatre d'un combat meurtrier entre bleus et chouans, à l'instigation des nobles règnant sur la région, le 4 mars 1795 : ces derniers voulaient empêcher la démolition du château, décretée par la Convention. Ce château servait de quartier général de résistance à la République, important armes et munitions d'Angleterre. Attendant l'arrivée de navires anglais, les nobles mirent sur pied une troupe de 200 paysans afin de décharger ceux-ci. Les anglais ratèrent le rendez-vous ... mais pas les républicains, prévenus et prêts à en découdre. Ce furent les paysans qui payèrent le prix d'une bataille à laquelle ils n'étaient pas préparés, ni en armes, ni en nombre suffisant : 64 d'entre eux y laissèrent la vie. Lorsque les navires anglais mouillèrent au large de Portrieux, deux semaines plus tard, plus personne ne les attendait ...

La fontaine Saint-Quay, située près de la grève de l'Isnain où débarqua Saint-Ké, jouit d'une réputation de vertus miraculeuses, guérissant les blessures comme elle le fit avec le protecteur de la cité ... Celle que vous verrez, construite en 1862, remplace l'ancienne fontaine édifiée en 1580 et tombée en ruines. Cette dernière fut payée à l'époque 4 livres et 8 sous.

Plusieurs manoirs parsèment le territoire de Saint-Quay, notamment Le Minihy (1536), le Tertre à Kertugal (1448), les Fontaines (1483) ou encore celui de la rue Louais, fondé en 1528.

port de mouillage

De la Pointe du Sémaphore, toute la baie de Saint-Brieuc se découvre au regard et, par temps clair, la vue porte à près de180 degrés, du Cap d'Erquy jusqu'à l'archipel de Bréhat.
Si vous avez la chance de passer là un jour de grande marée, lancez vous à l'assaut des multiples crevasses qui parsèment le plateau rocheux des îles Saint-Quay : sur plusieurs dizaines d'hectares, crabes, palourdes, huîtres, amandes et autres crevettes pourront garnir une bourriche qui se déversera, le soir venu, sur une tablée de joyeux convives !

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