Erquy ... suite

C'est au petit matin, lorsque la brume se dissipe enfin qu'il faut venir là pour découvrir la vocation première d'un bourg qui, comme beaucoup d'autres sur nos côtes, vit le début de son développement au 6ème siècle, à l'arrivée des cousins d'outre-manche.

 A marée basse, les chalutiers sagement couchés sur le sable, nez au vent, attendent le montant pour repartir vers les bancs de coquilles qui ont fait leur renommée depuis quelques décennies.

Les 80 bâteaux qui constituent la flotille de cet important port de pêche, ont fait d'Erquy la capitale de la coquille Saint-Jacques dès 1963.

Celle-ci est toutefois très règlementée et ce sont les gisements de praires, découverts 10 ans plus tôt, et la pêche des poissons migrateurs qui font l'ordinaire de ses familles de marins.

La réputation de ceux-ci n'est plus à faire et ils ont été au début du siècle parmi les meilleurs hommes embauchés par les armateurs de Saint-Malo et Saint-Brieuc pour les campagnes de "grande pêche", sur les bancs de Terre-Neuve.

L'impression d'une ville contruite tout en

rondeur est frappante lorsque l'on aborde

cet endroit ...

Comme ses voisines de la côte, Erquy est devenue un centre touristique très fréquenté en été et la ville s'est développée autour de sa baie en nombreux lotissements de maisons blanches que côtoient parfois de belles villas construites dans le grès rose qui a permis pendant 100 ans et jusqu'à 1920, d'assurer une partie du développement de la bourgade. L'exploitation de plusieurs carrières a quelque peu modifié les flancs du Cap, laissant derrière elle ce qui est devenu une curiosité touristique : les lacs bleus, excavations remplies d'une eau reflétant le ciel azur de l'Armorique !

Ceinturant la plage, la digue promenade est bordée de quelques rares villas datant de la fin du 19ème et début du 20ème siècle. Elles ont vu, malheureusement, de vilains "cubes" de béton s'installer sur les espaces verts qui les séparaient ..., incongruité soulignée par l'occupation de l'un de ceux-ci par ... l'Office de Tourisme ! Une partie de l'âme d'Erquy a ainsi disparu, laissant derrière elle quelques traces de la "belle époque" qui bientôt ne seront plus, à leur tour, que des souvenirs seulement visibles sur d'anciennes cartes postales ...

Une des nombreuses légendes de Bretagne est attachée à cette antique cité. Gargantua en est, une fois de plus, l'un des acteurs principaux : Nasado était en des temps fort reculés une cité de débauche où les femmes avaient la réputation d'une finesse de peau extraordinaire ... à tel point que lorsqu'elle buvaient du vin, l'on voyait celui-ci couler à travers leur gorge tant celle-ci était diaphane ! Attirant les hommes d'armes du géant en orgies et dépravations, elles provoquèrent la colère de celui-ci ! Maudissant la ville, il la fit engloutir sous un raz de marée. L'on dit parfois de nos jours qu'avec un peu d'imagination, on voit encore s'enfoncer l'ancienne chaussée qui mène à la cité, lorsque la mer se découvre aux grandes marées ...

Si les premières traces d'une occupation humaine

datent de l'âge du fer, l'activité maritime s'est toutefois

développée au début de notre ère, essentiellement

sous l'occupation romaine. Les preuves de celle-ci,

peu nombreuses et discrètes, ont été retrouvées dans

les tracés d'anciennes voies, de pavements, de

vestiges de canalisations et de quelques monnaies

retrouvées lors du développement urbanistique.

L'évangélisation de la région, assurée par l'immigration des moines bretons, Saint-Pabu (nommé aussi Tugdual) en tête, aboutit à l'édification d'une paroisse dont l'origine officielle remonte au milieu du 12 ème siècle.