De ses origines profondes, presque rien ne subsiste car la véritable culture bretonne ne s'écrivait pas : elle se transmettait oralement. Les druides en étaient les gardiens, les mégalithes en sont les seules véritables traces ...
Voila pourquoi l'Armorique est terre de dolmens et de menhirs.
Même si d'autres hommes étaient déjà passés par là, l'histoire du peuple breton commence 6.000 ans avant l'ère chrétienne. L'Argoat, la terre, en fut le berceau : cultivant celle-ci, élevant des animaux, polissant la pierre, ils en vinrent à la lever : le menhir est né. Les techniques s'affinant, sa taille devient de plus en plus impressionnante et certains d'entre eux atteignent une masse de 350 tonnes ! Plusieurs milliers de ces peulvaens se dressent encore dans le pays ! Définissant les points cardinaux et les coordonnées lunaires, ces témoins des croyances au Soleil, à la Lune étaient les outils des prêtres asseyant leur autorité. Souvent alignés sur des rivières souterraines ou des lignes telluriques, leur réel usage demeure encore aujourd'hui un mystère.
La pierre couchée, le dolmen (taolvaen : table de pierre), servait principalement de dalle mortuaire, parfois utilisée en nombre pour constituer des allées couvertes. Elle était alors posée sur des pierres levées pour constituer des chambres funéraires pouvant atteindre une longueur de 20 mètres !
Les druides, véritables chefs des tribus, enseignent un savoir constitué de légendes, récits et jugements philsophiques où l'oral se transmet aux élus, élèves choisis et formés durant de nombreuses années pour perpétuer les pouvoirs d'une véritable société secrète. Cette quête du spirituel, cette volonté d'indépendance par rapport aux Etats "frères" affaiblissent un peuple qui, quoique composé de guerriers vaillants et bien armés, sera une proie facile pour un conquérant Romain qui n'éprouvera une réelle opposition que chez les Vénètes, ce riche état de marins installé autour de Vannes. Leur résistance héroïque dans le golfe du Morbihan, en 56 avant J.-C., se terminera par un massacre où César fait égorger tous les notables et réduit à l'esclavage femmes et enfants !
Certains d'entre eux étaient des religieux, simples ermites ou évêques déjà proclamés en Grande-Bretagne. Ils sont à l'origine d'un bon nombre des villes et villages érigés au Nord de l'Armorique à partir du 5ème siècle.
Pépin le Bref sera le premier, en 753, à mener une guerre tendant à faire main basse sur la Bretagne au profit de la France. Charlemagne essaya par trois fois, en vain, de briser l'indépendance de l'Armorique ! Les révoltes populaires dictées par la volonté de liberté de son peuple remettront chaque fois cette occupation en question. L'indépendance retrouvée en 846, suivie de luttes d'influence et de possessions au sein de la famille royale d'Armorique (Erispoë assassiné par Salomon) feront le jeu des pillards Normands qui prendront possession du pays. Ce n'est qu'en 939 qu'ils en furent chassés définitivement par le roi Alain Barbe-Torte.
En 1154, le comte d'Anjou, Henri II Plantagenêt roi d'Angleterre envahit la Bretagne. Son héritière, Alix, rapproche le pays du pouvoir Franc par son mariage mais un conflit de succession entre France et Angleterre met, une fois de plus, la Bretagne à feu et à sang ...
Blois et Montfort se disputeront ensuite le pays, laissant celui-ci un moment sous le règne de Jean IV de Montfort. Faisant alliance avec les Anglais, ce dernier provoquera ainsi l'envahissement de la Bretagne par l'armée française dirigée par Du Guesclin. La volonté d'annexion proclamée par le pouvoir Franc relèvera, une fois de plus, la tête des Bretons qui, rappelant Jean IV réfugié en Angleterre, reprendront possession de leur terre. L'indépendance retrouvée ne durera que jusqu'en 1490 où Anne de Bretagne (âgée de 14 ans) sera contrainte d'épouser Charles VIII puis Louis XII, rois de France. Son caractère fort et vindicatif lui permettra d'obtenir un statut privilégié pour son pays mais, après sa mort, ses filles feront preuve de moins de conviction. Claude offrira (ou bien fut-elle "forcée" à le faire : elle n'avait alors que 15 ans !) à son mari, le futur François Ier, un duché qui perdra définitivement son indépendance en 1532 par l'édit du Plessis-Macé. Bien que laissant à la Bretagne une certaine autonomie et quelques privilèges, la France "oubliera" petit-à-petit ceux-ci pour en arriver à une annexion pure et simple.
Le peuple breton était, une nouvelle fois, orphelin de ceux qui avaient défendu son pays au cours des siècles !
La période qui suivit fut émaillée de plusieurs soulèvements du peuple breton ( jacqueries ou véritables révoltes), l'Autorité de la France tendant progressivement à supprimer les privilèges, lever la gabelle et d'autres impôts afin de remplir la cassette royale. Le clergé, toujours avide de pouvoir et de prébendes, l'aidera à mater une paysannerie toujours empreinte d'un profond mysticisme. Les Jésuites prendront ainsi possession de la moitié des paroisses, instituant de nouvelles pratiques religieuses afin de dominer plus aisément un esprit d'indépendance régulièrement ravivé par la mainmise royale sur un pays que celle-ci asservissait de plus en plus ...
L'histoire bretonne ainsi parcourue de périodes souvent sanglantes, parfois heureuses, a laissé place à de nombreuses légendes dont tout un chacun a pu voir bercer son enfance : la quête du Graal, Merlin l'enchanteur, Lancelot du Lac, Tristant et Yseult, ... Elles ont toutes été retranscrites en oeuvres cinématographiques ou musicales : c'est dire si leur importance dans la mémoire populaire est grande !